Diplômé de l’ISA (Institut Supérieur d’Agriculture de Lille), spécialité environnement, Maxime Leroy s’est aventuré quelques temps dans le monde des multinationales, habitant Lille et Creil. Puis il est revenu là où il pouvait contribuer, effectivement, à transformer nos modes de vie : sur la terre d’Artois à Haisnes. À la tête d’une exploitation qui emploie 13 salariés, il tire le meilleur des 70 ha de terres qu’il cultive dans le strict respect des principes de l’agriculture biologique.
En 2018, l’envie d’agir et d’entreprendre de Maxime rencontre, par moteur de recherche Internet, la volonté de transmettre de Michel et Chantal Huchette, pionniers de l’agriculture biologique spécialisés dans l’endive. La transition s’est faite en douceur. « La première année, nous avons tout fait ensemble. Il fallait, j’en avais conscience, que je découvre tout, que j’apprenne le cycle intégral de production. »
L’endive bio est aujourd’hui encore au cœur et le cœur de l’activité. Une forme de diversification permet à Maxime de proposer à la vente, via la coopérative de Phalempin, des oignons, des pommes de terre, de la betterave sucrière, du blé, du maïs, de la luzerne et du Triticale, un mélange de blé et d’orge destiné à l’alimentation animale… le tout 100 % bio naturellement.
Convaincu mais pas obtus
Maxime entend, pour sa part, les bienfaits et la nécessité du bio. Il refuse toutefois d’opposer les agricultures. Conventionnelle ou bio, chacune répond à des besoins et il est indispensable de percevoir leur complémentarité et d’insister sur la passion qui anime les agriculteurs, dans tous les cas. « C’est un métier qui a du sens. On nourrit la population. » Maxime a pour sa part, comme nombre d’agriculteurs, répondu avec le courage et l’abnégation qu’il faut pour faire tourner l’exploitation, en garantir la production, la préservation, la viabilité.
Lui et la trentaine d’agriculteurs qui constituent et partagent l’utilisation des engins de la CUMA "La Verloossoise" (Vermelles) ont fait le choix d’un métier qu’ils savent difficile, mais dont la permanence n’a d’égal que les perspectives d’évolutions.
Métier d’avenir
Et l’histoire est loin d’être terminée, les projets fusent : maraîchage, exploitation-école… Maxime se définit lui-même comme chef d’entreprise, agriculteur et peut-être, plus encore, comme paysan. Dans ce mot il y a "pays". On entrevoit aussi le paysage. « C’est d’abord lui que nous cultivons, que nous entretenons. »
Dès qu’on aborde l’éco-transition dont il est l’un des acteurs de premier plan, il refuse l’idée de surproduction. Le problème est plutôt dans le champ de la diffusion. « Pourquoi les consommateurs n’acceptent plus un produit difforme ? Il y a là un réel enjeu d’éducation. Et puis il faudrait moins de monde dans les bureaux, plus de monde au champ. » Entre les mots on peut lire l’aspiration du retour au travail manuel, très présent dans son exploitation. Depuis ses terres de l’Artois, Maxime a entrepris de faire de l’agriculture biologique ni plus ni moins que son projet de vie.
L’endive comme un symbole
En marge de notre entretien, Maxime rappelle que l’endive est un produit emblématique du terroir.
Il se souvient avec respect de Michel Huchette expliquant, dès que l’occasion lui en est offerte,
comment l’endive, sa culture, ont sauvé bien des exploitations et des existences quand les mines
ont fermé. La notion d’éco-transition n’existait pas encore. Pourtant s’agissait-il d’autre chose ?